Educateur canin
Il enseigne les règles d’obéissance qui permettent au chien et au maître de vivre en bonne harmonie.
A 26 ans, Etienne Pitois est déjà chef d’entreprise. Après un bac pro « élevage canin et félin », il s’est perfectionné au contact d’autres éducateurs et éthologues. Il y a trois ans, son brevet professionnel en poche, il fonde sa société : Canivence. Le jeune homme ne compte pas ses heures : « Pour se lancer dans cette activité, il faut être passionné et s’investir à fond sinon on va droit dans le mur », explique-t-il.
L’éducateur travaille quand ses clients sont disponibles, c’est-à-dire majoritairement le soir et le week-end. Certains sont basés dans un centre d’entraînement, d’autres, comme Etienne, se rendent au domicile des propriétaires. « Je travaille beaucoup sur Paris et sa région et je vais là où les problèmes se posent. Il y a des chiens qui obéiront parfaitement sur un terrain d’entraînement mais une fois rentrés chez eux, ils reprendront leurs mauvaises habitudes. J’ai fait le choix de recadrer les choses à domicile. »
Les motifs de consultation sont globalement toujours les mêmes : le chien ne revient pas quand on l’appelle, il tire sur la laisse, est agressif avec ses congénères et détruit l’intérieur de l’habitation. La mauvaise transmission des règles de bases, le manque de socialisation du chiot et une anxiété de séparation sont à l’origine de ces troubles. Etienne intervient alors pour éduquer le chien. « Ma méthode ? Une main de fer dans un gant de velours ! La brutalité est parfaitement inutile. Il suffit d’être ferme et cohérent ! Ne pas dérouter l’animal en faisant tout et son contraire. Recommencer l’exercice le nombre de fois nécessaire à l’intégration du principe. »
Mais le métier ne se réduit pas au chien, il faut aussi s’occuper du maître… « Aimer les gens autant que les animaux est essentiel. Les qualités humaines (le sens du contact et de la pédagogie) sont aussi importantes que celles liées à l’éducation canine. J’enseigne au CFA de Bar-le-Duc et c’est ce que je veux transmettre à mes jeunes élèves. Il ne faut pas être d’un tempérament timide et se sentir à l’aise avec les gens », précise-t-il.
Et les autres qualités ? « Avec les chiens : le calme et la patience. Ils ressentent notre nervosité et mettent parfois du temps à comprendre ce que l’on attend d’eux. Avec les clients, il faut être à l’écoute et diplomate. On n’est pas là pour les culpabiliser parce qu’ils n’ont pas su faire. Au contraire, il faut d’abord mettre l’accent sur ce qu’ils ont réussi avant de recadrer le reste », conclut Etienne.
Etudes : troisième + 4 ans
Salaires : statut de chef d’entreprise, dépend du chiffre d’affaire de la société
Débouchés : secteur en plein développement.
Formation :
Le brevet professionnel d’Educateur Canin est le seul diplôme reconnu par le ministère de l’Agriculture. Il se prépare en alternance (deux ans) ou en formation continue (neuf mois).
Cinq établissements le proposent : le CFA de Bar-le-Duc (55), le lycée agricole de Misérieux (01), le CNFA de Saint-Gervais-d’Auvergne (63), le LEGTA de Châlons-en-Champagne (51) et le CFA de Semur-en-Auxois (21).
(voir « annuaire »)
Pour se présenter, il faut être âgé de 18 ans minimum, être titulaire d’un CAP ou d’un BEP ou avoir été jusqu’à la fin de la classe de seconde.
Pour exercer en tant qu’éducateur canin, il faut être également titulaire d’un certificat de capacité délivré par la Direction des services vétérinaires.
Vers un permis chien ?
Le 28 novembre 2007, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi sur les chiens dangereux en instaurant un « permis de détention » pour les chiens jugés les plus dangereux. Cette attestation d’aptitude sera obligatoire pour les chiens d’attaque et de défense ainsi que pour ceux qui auront fait l’objet d’une déclaration de morsure en mairie.
« L’aspect positif de cette nouvelle loi, c’est que l’on ne cristallise plus sur certaines races jugées auparavant plus dangereuses que d’autres. Le législateur reconnaît enfin qu’il n’existe pas de mauvais chiens, juste des animaux mal éduqués », témoigne Etienne Pitois. Actuellement, l’application de la loi reste cependant floue et des questions se posent. Qui sera habilité à accorder ce permis ? Qui assurera la formation ? Une chose est sûre : l’éducation canine est une activité qui connaîtra un fort développement dans les années à venir.
Un secteur en voie de professionnalisation
Jusqu’à présent, il n’existait aucun syndicat professionnel spécifique aux éducateurs canins. C’est désormais chose faite grâce notamment à Alain Lambert, éducateur canin depuis vingt-cinq ans, et Etienne Pitois. Le but est de fédérer les éducateurs entre eux pour parler d’une même voix lors des débats publics ayant trait au chien dans la société.
Ce secteur pâtit encore d’un manque de professionnalisation. Outre le certificat de capacité, aucun diplôme n’est obligatoire pour se déclarer éducateur. Des spécialistes, comme le vétérinaire Alain Fontbonne, mettent l’accent sur l’importance de la qualification professionnelle des personnes exerçant ce métier. Ce dernier, dans un rapport adressé au ministère de l’Agriculture, écrit : « Un niveau de formation insuffisant des éducateurs représente le risque d’une conduite inappropriée face au chien qui présente des troubles graves du comportement dans la mesure où ces troubles peuvent ne pas être correctement appréhendés et gérés ».
Quelle est la différence entre comportementaliste et éducateur canin ?
Le comportementaliste se distingue de l’éducateur canin par le fait qu’il se concentre sur l’état psychologique de l’animal. Il analyse son caractère, sa façon de réagir à des situations bien précises afin d’établir un diagnostic médical. L’éducateur, lui, se focalise uniquement sur l’enseignement des règles d’obéissance qui permettent au chien et au maître de vivre en bonne harmonie.
Ces deux disciplines sont différentes mais complémentaires. Un chien mal éduqué aura du mal à trouver sa place au sein de la « meute familiale » et cela pourra entraîner des troubles comportementaux. Ainsi, les cours d’éducation canine pourront faire partie des remèdes prescrits par un vétérinaire comportementaliste tout comme les médicaments, psychotropes ou phéromones, et la chirurgie réparatrice